Gestalt ?
«Gestalt» est un mot allemand, et se prononce donc à l’allemande (Gué-chtalt), il n’a pas été traduit, pour éviter les réductions de compréhension, et parle de forme, de figure, de structure, d’organisation, d’arrangement.
Le verbe «gestalten » signifie «mettre en forme, donner une structure signifiante, développer ou transformer en quelque chose», et une Gestalt est une forme sans cesse en cours de formation, en cours de structuration, qui se constitue – à partir d’une figure et d’un fond – au moment même où j’en prends conscience, et au fur et à mesure que je lui donne un sens (signification et direction). Une gestalt est ce qui est le plus important dans ma conscience à un moment
La Gestalt-thérapie va se focaliser sur la manière dont un sujet donne forme à son existence.
Voici une illustration quelque peu simpliste (1) d’une Gestalt : le fait de ressentir quelque chose (physiquement) que je vais identifier comme de la soif par exemple, peut être vue comme une Gestalt – une forme, une tension signifiante figure/fond – se constituant à mesure que je la prends en considération.
Cette Gestalt, va devenir de plus en plus claire, de plus en plus nette, à mesure qu’elle s’intensifie et/ou que j’en ai une conscience croissante.
Si mon fonctionnement est à peu près sain, cette Gestalt « soif » va m’amener à m’orienter dans mon environnement pour chercher de quoi l’étancher – mon besoin/intention de boire va même exclure de ma perception tout ce qui n’est pas à boire – et si cet environnement est «suffisamment bon» relativement à ce besoin (et que je peux/veux voir qu’il l’est !), je vais effectivement y trouver de quoi me désaltérer.
Là encore, si mon fonctionnement est à peu près sain, je vais boire et satisfaire mon besoin…
Alors, la Gestalt, la figure-soif se dissout dans ce fond qu’est ma conscience, et je suis disponible pour un nouveau besoin , un nouveau désir, une nouvelle sensation ou émotion, une nouvelle idée, autrement dit une nouvelle Gestalt, dans le champ organisme/environnement qui est le mien maintenant
Se sentir pleinement vivant suppose l’attention consciente à cet ajustement créateur permanent au flux de la vie telle qu’elle se présente, d’instant en instant.
Gestalt-Thérapie ?
C’est à chacune des étapes de ce processus de formation et de destruction des Gestalts (sensation, identification, orientation, contact, plein contact, retrait et assimilation) et à la fluidité de ce processus, que la Gestalt-thérapie ( la thérapie des Gestalts) s’intéresse.
En effet, sa spécificité est d’abord de considérer l’être humain comme un organisme indissociable de son environnement (dont les autres êtres humains font partie !) : pour vivre, celui-ci doit contacter de la nouveauté, du dissemblable, de « l’autre que lui-même», et se l’approprier, l’assimiler, le faire sien, processus qui lui amènera en conséquence une certaine croissance, un certain développement.. Comme par exemple on assimile une pomme après l’avoir cueillie, croquée, mâchée, digérée, et donc transformée. Comme par exemple on assimile une idée – qui devient une connaissance – après l’avoir entendue, aimée, passée au crible de son esprit critique, expérimentée peut-être…
Et pour ce faire, l’être humain doit développer des ajustements créateurs – c’est-à-dire être autant capable de se soumettre à l’influence de l’environnement que d’en être en même temps le transformateur – autrement dit capable de créer des Gestalts.
La Gestalt-thérapie va donc centrer son étude sur toutes nos opérations de contact avec notre environnement, elle va prendre en compte toutes les modalités – intellectuelles, émotionnelles, physiques, relationnelles, énergétiques et spirituelles (le sens que je donne à la vie et à ma vie) – de notre présence au monde.
La pathologie y est conçue comme une « maladie » de la relation à l’autre ou au monde, une défaillance dans nos processus d’ajustement créateur, une fixation. Cette défaillance, nous l’éprouvons comme une souffrance plus ou moins grande, un enfermement (notamment dans nos répétitions), une insuffisance, le sentiment de subir notre vie, d’être sclérosé, d’être limité dans nos possibilités, d’être dans l’ennui, le non sens, etc.
Les crises de l’existence vont ainsi être considérées comme des opportunités de nous remettre en mouvement, de devenir acteur du changement de notre présence à nous-même, de notre présence aux autres et au monde… Une façon constructive de considérer ce qui nous arrive de difficile.
La Gestalt-thérapie peut être aussi considérée comme une psychothérapie relationnelle: entre des parties de soi, entre soi et l’autre, soi et les autres, soi et le monde