J’aime être Gestalt-thérapeute,
Parce que c’est une rencontre, et une rencontre qui m’émeut autant qu’elle me passionne. Parce que c’est toujours un moment précieux où une personne a le courage de chercher à se dire – d’une façon ou d’une autre – de chercher à sortir de son chaos ou de son vide ou de sa prison, de chercher à advenir et à se remettre en route sur sa route, et je me sens reconnaissante d’être la co-équipière de cette personne là sur ce chemin là
Parce que je ne sais jamais comment cela va se passer – si ce n’est le cadre, et toutes ses composantes, que je tiens ! – et ce qui va se passer, c’est nouveau avec chacun et à chaque fois, c’est vivant, et ça me permet d’être créative, et ça m’oblige à être créative.
Parce que ça m’apprend à questionner, à déplier, à m’étonner et à ne pas me laisser croire que l’expérience de l’autre – quelle qu’elle soit – est possiblement identique à la mienne ou à celle d’un autre autre – ou encore réductible à telle théorie ou telle vision diagnostique – et que j’enrichis sans cesse mon monde et mon regard de cet autre monde.
Parce que ça m’apprend à être présente et attentive autant à ce que la personne dit qu’à ce qu’elle manifeste – avec son corps, avec la musique de sa voix, avec son souffle, avec sa poésie propre, son paraître, son apparaître, son disparaître – mais aussi à ce qui se passe dans cette relation, et aussi en moi, et aussi à cette atmosphère, au parfum de ce qui est là et qui me transforme. Et parce que ça m’oblige à me souvenir que le regard de l’observateur fait partie de ce qui est observé. Et ça m’ouvre.
Parce que ça m’oblige à m’impliquer – voire à me dévoiler – certes de façon contrôlée, mais au moins à ne pas faire semblant de savoir, à ne pas faire semblant de pouvoir, à ne pas faire semblant de ne rien éprouver ou d’éprouver, à ne pas faire comme si je n’étais pas également confrontée à ma propre humanitude, à mes propres limitations, à ma propre ignorance et aux difficultés de l’ex-ister (1), et que cette exigence m’apprend à gagner en authenticité, en humilité, en simplicité, au moins à m’accueillir moi aussi telle que je suis et ne suis pas, sous le regard de l’autre que vous êtes. Bienveillance sans complaisance…
Parce que ça m’oblige à perpétuellement enrichir et trier le contenu de mon bagage – ce que je garde, ce qui n’est plus à sa place, ce que j’ajoute, ce que je transforme – et donc à ne pas m’asseoir et m’endormir dessus, ni traîner une malle pleine d’objets morts mais rassurants, parce que si familiers, si connus voire reconnus… A ne pas regarder mes références comme des vérités universelles – ou alors très partielles, voire partiales – et à apprendre à considérer celles des autres de la même façon. A accepter de m’exposer au regard de mes pairs – formations, supervision, titularisation, co-vision – et reconnaître où commencent les compétences d’autres soignants
Parce que c’est un accompagnement qui se veut profondément respectueux, voire valorisant de l’originalité et des différences de chacun, en rien normatif ni modélisant, qui évite d’étiqueter, d’enfermer dans du pré-établi, de vouloir à la place de – ce n’est pas si facile ! – et que ça aussi enrichit mon monde et mon regard sur le monde.
Parce qu’on y travaille autant à développer la conscience de soi que celle de son environnement – dont les autres humains font partie ! – on y comprend – réellement, c’est-à-dire pas seulement intellectuellement – l’interdépendance, ou en tous les cas que prendre soin de son environnement et de sa relation aux autres, c’est aussi prendre soin de soi-même (2)… Et que ça me parait sain, nécessaire, voire assez salutaire aujourd’hui !
Parce que c’est une démarche qui peut aider à se libérer d’une partie de ses entraves, à s’incarner – à habiter son corps et tous ses sens – à aller vers les autres, les choses, la vie telle qu’elle se présente même si on la voudrait autrement, surtout si on la voudrait autrement – et à s’en nourrir concrètement; à vraiment être là où on est – ici, maintenant, entièrement – à décider de rendre sa vie précieuse, et que ça aussi me parait bien salutaire aujourd’hui !
Parce que ça aide à se rappeler que … TOUT passe… Oui. Et à regagner le flux de la vie
… et pour tout ce que je vais découvrir encore,
peut-être à l’occasion de la rencontre avec vous, qui me lisez maintenant ?… 🙂
- Petit extrait à ce sujet de la conférence intemporelle – liens entre philosophie et thérapie – qu’a tenu Yrvin Yalom en septembre 2007 à Paris, «Je pense très fortement en fait que mes patients et moi-même nous sommes vraiment confrontés à la vie en tant qu’êtres finis, dans la finitude. Et donc je ne pense pas que j’ai là devant moi un malade avec un problème particulier et que moi je suis le guérisseur qui n’a pas ce problème. J’aimerais trouver un terme bien meilleur en fait que «patient/thérapeute». Et une meilleure façon de le regarder cela serait des co-voyageurs ou des compagnons de route. Schopenhauer a utilisé les mots de compagnons de souffrance (…) J’aime la métaphore, que nous somme en voyage avec le patient, et que nous sommes leur guide. C’est une réponse très longue que je donne, mais en fait ce que je veux trouver, c’est des thérapeutes qui sont vraiment très formés pour leur donner une vision existentielle de l’humain….. Ta question aussi tournait autour de l’implication contrôlée et comment le thérapeute se dévoile (…) Je pense souvent à trois champs différents de dévoilement : ce que je révèle autour des mécanismes de la thérapie au patient, cela serait un des champs, ce que je révèle de mes sentiments dans l’ici et maintenant dans la séance de thérapie, et troisièmement ce que vous allez révéler de votre vie personnelle passée ou présente.»
- En tous les cas, comme le disait en 2004 Jean Marie Robine (notamment in la gestalt-thérapie et le contact, revue Réel aujourd’hui disparue, n°73), une thérapie réussie – qui est allée à son terme – est une thérapie «qui va au-delà de l’égotisme nécessaire au travail, qui est capable d’aider le sujet à dissoudre son égotisme pour revenir à une position où l’autre est en avant plan, où «ça circule» entre soi et l’autre. A passer de l’egologie à une écologie…» Et cela aussi me semble intemporel…
et j’aime être une Gestalt-thérapeute euphoniste
Parce que je ne peux pas faire comme si je n’avais pas rencontré Idris Lahore
Et découvert avec lui la Psychologie essentielle, et comment devenir petit à petit le pilote à mon bord, me libérer de ma mécanique réactive, conditionnée, la plupart du temps souffrante, pour véritablement apprendre à être, ici, maintenant, dans le flux de la vie, avec les autres, au moins sereinement; et pour m’éveiller au réel que mes illusions et mon ignorance m’empêchent de percevoir.
Et découvert avec lui les bienfaits du Yoga de Samara, cette méditation en mouvement qui permet elle aussi d’apprendre la présence – conscience de sa posture, de ses gestes, de ses mouvements, des émotions qui viennent et qui passent, des pensées qui viennent et qui passent – qui apprend à se poser en soi-même dans un espace joyeusement calme, et aussi de se tenir debout les pieds bien ancrés dans la terre et la tête dans les étoiles
Et découvert avec lui les techniques énergétiques et plus particulièrement le Reïki Tao Tö Qi… Comme il est doux de cheminer avec cette merveille de clarté, de bonté, de beauté
Et découvert avec lui la Psychologie de l’énnéagramme, une autre façon de comprendre mon conditionnement, l’image de moi-même à laquelle je crois devoir ressembler pour être quelqu’un de bien, d’aimable, d’aimé…
Et découvert avec lui les techniques transgénérationnelles et systémiques qui m’ont permis d’enfin guérir de problématiques que je traînais encore et encore, et à observer des conséquences positives pour d’autres membres de mes systèmes d’appartenance…
Et tant d’autres trésors… Comment serait-il possible de ne pas essayer d’en faire bénéficier d’autres ?